Les punaises Pentatomoidea de la RNR, un monde multicolore
Après les orthoptères (criquets, sauterelles, grillons…) de la Réserve naturelle (cf. Lettre d’informations n°5), c’est au tour de ces insectes réputés « puants » de faire l’objet de quelques lignes dans la lettre d’informations. Les punaises n’ont pas pour l’instant fait l’objet d’inventaires exhaustifs, mais elles ont été régulièrement recherchées, par exemple à l’occasion de suivis de papillons sur les coteaux ou encore d’inventaires des orthoptères dans les végétations alluviales.
L’objet de cet article est d’éveiller les curiosités et peut-être d’inciter à participer aux recherches. Vous aussi vous pouvez participer à l’amélioration des connaissances de la biodiversité du territoire de la Confluence Garonne-Ariège ! Pour la détermination des espèces, quelques bonnes photographies suffisent souvent. Commençons par quelques chiffres.
Les punaises Pentatomoidea, qui comptent dans cette « super-famille » les grandes espèces malodorantes qui rentrent parfois dans les maisons, représentent 152 espèces en France. En dehors de quelques-unes prédatrices, la plupart sont phytophages (qui consomment des végétaux) et donc inféodées à des plantes « hôtes ». Certaines punaises, parmi les plus communes, se nourrissent de nombreuses plantes. D’autres, au contraire, n’acceptent que certaines essences et ont donc généralement plus d’exigences quant à leurs habitats.
Sur le territoire de la Réserve naturelle, environ une trentaine d’espèces ont été répertoriées à ce jour. Beaucoup sont communes et se rencontrent partout. Carpocoris mediterraneus est une des plus spectaculaires par sa taille et ses deux imposantes pointes sur les côtés du corps. De coloration très variable mais toujours vives, elle s’observe le plus souvent perchée sur les végétaux herbacés dont elle se nourrit. Elle apprécie les milieux chauds (lisières, coteaux…).
Dans les ourlets et fourrés plus frais, notamment près de la Garonne, la très commune Dolycoris baccarum demandera d’être observée de près. C’est une espèce assez grande, mais un regard porté sur elle avec une loupe vous révélera son abondante pilosité sur tout le corps, chose rare chez les punaises. Une autre qui est très commune et l’accompagne souvent : Nezara viridula. C’est la « punaise verte » telle que tout le monde l’imagine. Regardant de près, elle arbore trois points blancs sur l’avant du scutellum entourés d’un point noir de chaque côté. Mais ce sont les larves qui sont les plus spectaculaires, aux colorations tellement osées qu’on dirait des petits clowns. Les graminées, qui forment souvent des végétations épaisses et avec quelques espèces dominantes, sont appréciées de tout un cortège de punaises aux colorations les rendant assez cryptiques, souvent couleur « paille ». Difficiles à trouver à vue lorsqu’elles sont perchées sur les épillets secs, ces espèces sont pourtant abondantes, comme Aelia acuminata, à la curieuse tête triangulaire allongée, les Eurygaster (trois espèces répertoriées) avec leur aspect de tortues, ou la petite Neotiglossa leporina.
Dans les ombelles de panicaut, de carotte sauvage ou n’importe quelle autre Apiacée, notamment lors de la fructification, se trouve rapidement, que ce soit sur un des coteaux de la Réserve ou dans des lisières près de l’Ariège ou la Garonne, cette très jolie punaise rouge rayée de noir et aux pattes également noires : Graphosoma italicum. Sur les coteaux les plus arides, une espèce proche mais beaucoup plus rare, G. semipunctatum, pourrait être trouvée. Toutes les recherches ont pour l’instant échoué. Cette espèce se distingue de la précédente par ses pattes rouges et des points noirs plutôt que des lignes sur l’avant du corps. Vous l’avez déjà rencontrée ? Photographiez là et prévenez-nous !