Les coléoptères saproxyliques, alliés de la Forêt
Les coléoptères saproxyliques, bien plus discrets que les oiseaux ou certains mammifères, jouent pourtant un rôle essentiel dans le bon équilibre de la forêt. Leur cycle de vie, notamment à l’état larvaire, est une pièce maitresse du recyclage de la matière organique végétale. En se nourrissant du bois mort, la larve du Grand Capricorne, du Lucane cerf-volant ou encore du Morime rugueux contribue non seulement au renouvellement du tapis forestier appelé « humus », mais participe également au cycle du carbone par l’action de décomposition du bois mort. Les connaissances sur ces espèces rares, et pour certaines protégées à l’échelle européenne, méritent d’être approfondies afin de mieux comprendre leur écologie et définir des moyens de préservation adaptés.
Des suivis naturalistes sur la Réserve
Sur la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège, l’équipe gestionnaire a entrepris à l’automne 2021 un suivi de l’habitat des coléoptères saproxyliques, en particulier du Grand Capricorne (Cerambyx cerdo), sur des parcelles forestières en bord de la rivière Ariège. Ce grand longicorne de plus de 10 cm de long est protégé à l’échelle nationale et inscrit aux annexes II et IV de la directive européenne « Habitat-Faune-Flore ». Epaulés par plusieurs « écogardes » en service-civique, ils ont inventorié sur près de 10 hectares de boisement l’ensemble des arbres susceptibles d’accueillir ces insectes (essence et diamètre du tronc), soit plus de 450 sujets au total. A chaque arbre recensé, une série de critères lui a été attribuée, dont la présence ou non de « trous de sortie », expression vulgairement utilisée pour désigner les cavités creusées par les larves de coléoptères attestant de la présence de ces derniers. Il aura fallu près de 20 heures de prospection dans le sous-bois ronceux pour permettre de relever l’ensemble des arbres correspondants aux bons critères.
Les résultats ont montré une colonisation partielle des peuplements forestiers, avec 13 % des arbres inventoriés présentant des signes d’occupation par les coléoptères. La répartition entre arbres habités et arbres sans trou de sortie s’est montrée hétérogène, car si certains peuplements vieillissants ont dévoilé leur lot de galeries à l’œil de l’observateur, la majorité des jeunes arbres conservent toujours une écorce dénuée de réseau coléoptériques !
Le Grand Capricorne, dont les populations avaient été renforcées sur le site en 2018 – 2019 par le biais d’une mesure compensatoire, semble avoir encore un peu de mal à s’établir sur la zone… La faute à la jeunesse du boisement ? De futurs inventaires nous le diront !