Vipère au poing
Le printemps pointe le bout de son nez sur la Réserve Naturelle, offrant aux visiteurs les premiers concerts de passereaux et l’accélération furtive de quelques lézards surpris au bord des chemins. L’arrivée des beaux jours signe la reprise d’activité pour la faune qui, au fil des semaines, sera de plus en plus facile à observer.
Cependant, les mal-aimés eux aussi devront reprendre du service. Combattant les préjugés et les dernières gelées de l’hiver, les serpents viendront bientôt s’exposer sur le bord des chemins, se thermo-régulant aux rayons du soleil encore timide du mois d’avril. Admirés par certains, craints par d’autres, ces squamates jouent un rôle capital dans le réseau trophique. Régulant naturellement la petite faune tels que les souris et les mulots, ils sont aussi la source de nourriture d’autres prédateurs comme les rapaces ou certains mammifères. Ainsi, les promeneurs les plus discrets pourront sans doute apercevoir la Couleuvre verte et jaune (jpg, 338 ko). Furtif, élancé, ce serpent aux couleurs vives est totalement inoffensif pour l’Homme. Malgré une tendance à se dresser face à l’adversité, elle choisira toujours de fuir dans les bosquets plutôt que de pincer le trouble-fête.
Nourris par les mythes et les peurs anciennes, les serpents encore aujourd’hui inspirent la crainte pour bon nombre de promeneurs. La Réserve ne compte pourtant que des espèces dépourvues de venin dont la morsure, en cas de manipulation, s’apparente au pincement d’un gros lézard.
Protégés sur l’ensemble du territoire national, le dérangement volontaire, la manipulation et la destruction des serpents sont très sévèrement punis par la loi.
Ce printemps encore, les agents de la Réserve naturelle mettront un point d’honneur à inventorier ces reptiles étonnants. Comptant les individus, s’assurant de la présence des espèces couramment rencontrées, plusieurs passages seront effectués à pied sur des milieux stratégiques.
Au détour des couleuvres et des lézards verts occidentaux (Lézards à deux raies), les agents espèrent enfin rencontrer sur les coteaux secs la célèbre Vipère aspic. En limite d’aire de répartition et ayant vu ses populations chuter drastiquement ces 50 dernières années, ce serpent légendaire a subi de plein fouet l’artificialisation des territoires et l’intensification des pratiques agricoles. Redoutée pour son venin, la Vipère n’est pourtant pas aussi effrayante qu’il n’y parait et la mortalité due à sa morsure reste exceptionnelle.
Très largement confondue avec la Couleuvre vipérine et bien souvent identifiée à tort à chaque ondulation d’un reptile dans les hautes herbes, la vipère est pourtant rarissime dans la plaine garonnaise. Sa présence reste à ce jour à prouver sur la Réserve naturelle et ses environs.