2023, sous le signe des Solutions fondées sur la Nature

A l’orée de 2023, la Réserve naturelle régionale fait le pari des solutions fondées sur la Nature et le vœu de disposer de moyens suffisants pour le faire.

L’année 2022 a connu une sécheresse exceptionnelle ; nous en voyons encore les stigmates en ces début de nouvelle année. Avec un été particulièrement chaud et l’absence de pluie dès le printemps, les niveaux d’eau de la Garonne et de l’Ariège sont au plus bas, encore aujourd’hui. Pour 2023, il faudra anticiper une année d’autant plus difficile sans une recharge efficace des nappes de cet automne et de cet hiver. Situation à laquelle il faudra sans doute s’habituer et qui affecte la biodiversité, déjà très fragilisée par la destruction des milieux naturels et la pollution, mais aussi notre survie. 
Même si les changements climatiques peuvent être pointés du doigt, rappelons que nos choix passés, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sylviculture, de l’urbanisation, de la production énergétique et de l’aménagement du territoire, sont aussi des responsables de ces évènements inédits. Les changements climatiques n’en sont que les amplificateurs.  

  • Nous avons comblé ou drainé nos zones humides, primordiales pour la filtration des eaux, la régulation des crues et du climat. 
  • Nous avons enroché, endigué, canalisé nos cours d’eau pour éviter leurs débordements et renvoyer les crues le plus rapidement possible en aval jusqu’à l’océan.  
  • Nous avons bétonné les espaces agricoles et naturels dans les zones inondables, qui permettaient l’infiltration des eaux de pluie vers les nappes phréatiques, véritables réservoirs d’eau. 
  • Nous avons implanté des peupleraies artificielles, consommatrices d’eau, à la place des forêts alluviales protectrices des rivières. 
  • Nous avons troué de gravières le lit majeur des cours d’eau, mettant à nu les nappes alluviales, rendues vulnérables aux pollutions et à l’évapotranspiration.  
  • Nous avons stérilisé nos terres agricoles, incapables de retenir l’eau de pluie. Nous les avons aussi drainé pour que l’eau s’évacue rapidement et nous devons les irriguer en retour pour assurer une production agricole rémunératrice. 
  • Nous avons arasé nos haies et ripisylves, pourtant indispensables pour le ralentissement des crues et l’infiltration des eaux de ruissellement et pour limiter l’érosion et le lessivage des sols.  
  • Nous avons détourné les ruisseaux, rivières et fleuves pour la production d’électricité, de neige artificielle, de produits agricoles voués à l’exportation, de loisirs nautiques…  

Aujourd’hui, nos terres agricoles ont soif. Nos villes deviennent insupportables à vivre. Nos paysages s’aridifient. Notre approvisionnement en eau potable est menacé, comme notre biodiversité. 
Et demain, quels choix ferons nous ?  

D’aucuns diront qu’il est nécessaire de faire des retenues artificielles pour assurer la disponibilité en ressource en eau et la production agricole.
A court terme, c’est peut-être nécessaire, au moins pour laisser le temps au monde agricole de s’adapter. 
A moyen terme, ne faudrait-il pas réparer dès maintenant nos erreurs du passé  ? Changer de paradigme  ? Arrêter d’altérer le cycle de l’eau naturel  ? Investir sur des solutions durables fondées sur la Nature et non seulement sur nos capacités techniques et technologiques supposées  ? C’est bien entendu plus complexe que de construire un barrage à coup de pelleteuses. Car cela demande des efforts individuels et collectifs au nom de l’intérêt général, dont les bénéfices ne se verront que bien plus tard. Mais ce défi n’en vaut-il pas la chandelle ? Pour nos générations futures ?  

Sur la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège, grâce au soutien de ses partenaires, le gestionnaire Nature En Occitanie en fait le pari. Depuis 2017, plusieurs opérations ont ainsi été engagées pour laisser plus de place à la Nature, qui pourra nous rendre bien des services :

  • 50 000 m2 de zones humides restaurées 
  • 5 000 m3 supplémentaires de crues stockées dans les zones inondables 
  • 1 250 mètres de bras secondaires rouverts le long des cours d’eau 
  • 2 anciennes gravières en cours de réhabilitation 
  • 910 m2 d’anciens hangars industriels démolis en bord de rivière 
  • 7 000 m2 de terrains dépollués et réhabilités en prairie 
  • 3 200 arbres et arbustes plantés pour renforcer les ripisylves, bois alluviaux et haies champêtres 
  • 1 500 mètres de protection et de mise en défens de berges pour limiter le piétinement des visiteurs 
  • 1 000 heures de veille et de surveillance sur l’état de santé du territoire 

Dans la continuité, le futur plan d’actions 2023-2027, en cours d’élaboration, se voudra ambitieux. Encore faut-il que les moyens en soient donnés !