Le sentier botanique de Clermont-le-fort fait peau neuve

Des falaises du Lauragais offrant un panorama d’exception sur les Pyrénées, à la rivière Ariège en contrebas, le sentier botanique de Clermont-le-fort fait peau neuve alors que le printemps pointe déjà le bout de son nez sur la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège.  

Ce sentier de découverte sinueux relie le vieux village et ses fortifications pittoresques au hameau dit des « Fraysses », surplombé par la falaise. Louvoyant dans cet escarpement à la végétation typique des coteaux molassiques aux influences méditerranéennes, le visiteur pourra s’attarder sur les essences végétales locales, parfois discrètes comme les plantes annuelles ou des arbustes dissimulés dans la végétation. En supplément d’un visuel photographique attribué à chaque espèce, le nom local occitan a été ajouté sur les panonceaux installés le long du cheminement, inscrivant le sentier botanique dans une démarche authentique de conservation patrimoniale.  

Les travaux d’installation se sont achevés courant mars par la pose finale des panneaux sur les piquets support, alors que les textes et illustrations ont été finalisés courant 2022 par des membres des associations « Caminarem », « Les Amis de Clermont-le-Fort » et « Nature En Occitanie », avec la collaboration du Sicoval et de la mairie de Clermont-le-Fort. Ces opérations de valorisation pédagogique viennent s’ajouter aux travaux de restauration du sentier dégradé par les intempéries et la circulation prohibée des cyclistes, en partenariat avec le Sicoval et l’association « Caminarem ».  

Si le sentier d’origine était encore confidentiel dans les années 70–80, certains habitants de Clermont-le-fort ont œuvré pour sa valorisation et sa conservation au fil des ans. Christiane Brustel, présidente de l’association clermontoise « Caminarem » en est la maitresse d’œuvre. Cette habitante de la commune très attachée à son territoire dira qu’elle porte le projet du sentier botanique depuis toujours.  

Alors que le « caminòl » prend sa forme finale près de 30 ans après l’idée d’origine, nous avons posé à la Présidente de cette association quelques questions sur l’historique du sentier et sa portée sur le territoire.  

Pour vous accompagner dans votre balade, un livret pédagogique est disponible en téléchargement ici (pdf, 1Mo) ou à retirer à la mairie de Clermont-le-Fort aux heures d’ouverture.

Comment a germé l’idée de réaliser un sentier botanique à cet endroit et qu’elle a été la première « version » de ce parcours de découverte botanique ? 

Je ne sais plus pourquoi cette soulane en terre lauragaise m’a donné l’idée d’en faire un parcours d’observation botanique, sûrement grâce à l’intérêt que je porte aux histoires qui vont avec l’usage des plantes. L’ethnobotanique, c’est un peu la partie aguicheuse de la botanique, pas besoin de savoir combien il y a d’étamines à tel ou tel spécimen pour le déterminer avec ses quatre noms latins. 

Et puis c’est vrai que cette exposition dans « La Roche » permettait la présence de végétaux que je ne connaissais pas avant d’arriver à Clermont : le Nerprun alaterne, l’Arroche halime, l’Echbalium (concombre d’âne) qui tapisse les îles grecques…quand j’ai su que son nom occitan était « pet d’ase », sa renommée gicleuse était encore plus pittoresque ! C’est Simon Laguens, agriculteur clermontois que nous avons consulté pour les noms occitans les plus « locaux » possibles. Il compte beaucoup dans ce choix de mentionner les noms occitans.

Avec mes amis du comité des fêtes, il y a 30 ans, nous avons eu l’idée de faire un inventaire. Les premiers panneaux ont suivi, sur des plaques blanches récupérées dans une usine de la zone Thibaut, découpées à la scie à chantourner. D’abord écrites au feutre permanent puis, plus tard avec les lettres peintes dans les contours d’un pochoir.  

Quelles essences pourront découvrir les randonneurs et pourquoi certaines ont été choisies plutôt que d’autres ?   

Nous pensions que les arbres bien de chez nous devaient être étiquetés, comme un patrimoine à bien connaitre, la base pour un randonneur : il longe une culture, il s’abrite sous un bel arbre, il faut connaitre son nom !  Le chêne, l’érable, le robinier, le noyer, l’orme, le sureau…au début nous avions repéré trop d’herbacées, elles sont joueuses et ne repoussent pas toujours au même endroit même si elles s’y sèment ou gardent racines et tubercules vivants sous terre… Oui, nous voulions que les gens randonnent « utile », qu’en lisant les panneaux ils aient des réponses à leur curiosité. Il y a d’ailleurs eu très peu de dégradation au fil des ans sur ce sentier. Parfois les panneaux cassaient d’eux-mêmes ou parfois les piquets finissaient en haut, comme bâtons pour s’appuyer…on a beau améliorer les virages et les passages un peu scabreux, nous n’avons pas encore trouvé le moyen de le faire plat !! 

Cette fois-ci, nous avons encore plus réfléchi à l’emplacement des poteaux pour qu’ils ne gênent en rien la descente ou la montée des randonneurs. J’ai la conviction que la qualité de l’affichage séduira et inspirera le respect. Le sentier botanique de Clermont va mériter son nom comme jamais ! 

Comment par des actes simples, le visiteur peut-il respecter ce sentier intégré à la Réserve naturelle régionale et les espèces qui le composent ?   

Je ne sais pas comment empêcher qu’il ne soit pas respecté. La conviction ne suffit pas. Rien que d’écrire « ne pas cueillir », « ne pas gribouiller dessus », « ne pas ci », « ne pas ça », c’est trop dérangeant vis à vis de ceux qui n’en auraient jamais eu l’idée. Alors on va penser à ceux-là et ne rien préconiser si ce n’est le bon sens de respecter un site naturel protégé, les aménagements et les espèces qui le composent.