Zoom sur… L’Eufragie à larges feuilles

Lors de votre prochaine balade sur la Réserve naturelle, vous croiserez peut-être un.e agent tout de gris vêtu scrutant attentivement le sol. Ce n’est pas par passion pour la pédologie (ndlr : science des sols), mais plutôt pour chercher une espèce végétale, protégée au niveau régional, et très discrète : l’Eufragie à larges feuilles (Parentucellia latifolia).  

Chaque année, l’évolution de ses effectifs est suivie par l’équipe gestionnaire, qui peine parfois à la détecter parmi les hautes herbes. Si les plus hauts individus peuvent dépasser la vingtaine de centimètres, ils ne sont pas légion. L’Eufragie à larges feuilles a plutôt tendance à déployer ses minuscules fleurs pourpres à une dizaine de centimètres au-dessus du sol. Elle tiendrait son épithète de ses feuilles supérieures palmées, aussi longues que larges.  

Espèce annuelle, elle réalise son cycle de vie durant la belle saison et passe l’hiver sous forme de graine dans le sol. Se nourrissant principalement par photosynthèse, l’espèce est aussi hémiparasite. Elle s’assure ainsi un complément de ressources en parasitant les racines des plantes autour d’elle. Rare en Midi-Pyrénées, l’espèce apprécie sur la Réserve les sols sablonneux, créés par les dépôts d’alluvions des cours d’eau en crue.  

Visiteurs, vous avez jusqu’à la fin du mois de mai pour tenter d’apercevoir la gracile Eufragie. Nul besoin de sortir des sentiers balisés pour l’observer. À Pinsaguel ou Portet-sur-Garonne, les premières fleurs se trouvent tout au bord du chemin. Attention cependant où vous mettez les pieds, car l’espèce est particulièrement sensible au piétinement. La cueillette, ainsi que la tonte précoce l’empêchent également d’accomplir son cycle de vie, et mettent en péril sa survie d’une année sur l’autre.  

Une plante « protégée », qu’est-ce que c’est ?

Une plante est dite « protégée » lorsqu’elle est inscrite sur une liste de référence qui dicte des règles pour prévenir sa disparition et permettre la conservation de son biotope (CBN Bailleul, 2023). La plupart de ces listes interdisent « en tout temps, la destruction, la coupe, la mutilation, l’arrachage, la cueillette ou l’enlèvement, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat de tout ou partie des spécimens sauvages des espèces ».


En respectant cette réglementation, ainsi que celle de la Réserve naturelle, vous contribuez à ma survie