Inventaire des poissons sur les gravières du Parc naturel de Portet-sur-Garonne
La Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège est centrée autour des deux grands cours d’eau qui lui ont donné son nom. Mais elle abrite en plus de nombreux points d’eau, bras morts, anciennes gravières et zones marécageuses ! Autant de zones aquatiques et humides d’une grande richesse, abritant une faune et flore sensibles et remplissant des fonctions essentielles pour l’écosystème. Une des missions de la Réserve est de mieux connaître ces milieux et leurs habitants, afin d’adapter au mieux leur gestion. Odonates (libellules), amphibiens, plantes aquatiques et rivulaires, oiseaux sont ainsi autant d’exemples d’espèces que l’équipe gestionnaire suit régulièrement.
Début septembre, ce fut au tour des poissons d’être sous le feu des projecteurs ! Lors d’une pêche d’inventaire sur les gravières du Parc naturel de Portet-sur-Garonne, les équipes de la Fédération de pêche de la Haute-Garonne (FDPPMA 31) et de la Réserve se sont associées. Deux techniques complémentaires ont été utilisées pour permettre d’inventorier un maximum d’espèces parmi les présentes (inventaire qualitatif). Cette méthode permet également d’avoir une idée de la proportion de chaque espèce (inventaire quantitatif). Chaque poisson a été mesuré afin d’établir un tableau des tailles, converties pour connaître la répartition des classes d’âge, identifier des individus matures et reproducteurs associés à des jeunes, et ainsi confirmer la viabilité de la population.
Au bilan, 15 espèces ont été inventoriées, principalement des cyprinidés en grand nombre (carpes, brèmes, gardons, rotengles, etc.). Certaines espèces plutôt inféodées aux cours d’eau comme le chevesne ont été retrouvées, preuve que les plans d’eau sont connectés lors des épisodes de crue. Cela participe activement à leur dynamique, comme à celle de la Garonne toute proche. En ce qui concerne les carnassiers, des perches et sandres, reproducteurs et juvéniles, ont été capturés, ainsi qu’un brochet juvénile.
Comme pour les cyprinidés, la présence de ces jeunes poissons est une bonne nouvelle et montre que le territoire de la Réserve naturelle permet la reproduction d’espèces d’intérêt (aucun alevinage n’a été effectué récemment). Le brochet est par exemple dépendant de bras morts et de roselières inondés en début du printemps (il pond ses œufs dans les végétaux immergés), milieux qui ont malheureusement fortement régressé à l’échelle de la vallée de la Garonne. La Réserve pourrait d’ailleurs accueillir dans les années à venir des projets visant à améliorer les conditions de reproduction de cette espèce bio-indicatrice*.
En outre, il a été relevé la présence en nombre d’espèces exotiques, telles que le poisson-chat, la perche-soleil, la gambusie ou encore les écrevisses américaines. Avec leur reproduction rapide, elles sont en compétition pour la nourriture avec les espèces autochtones, peuvent avoir un effet de prédation sur les pontes, alors qu’elles sont difficilement consommées par les carnassiers présents (notamment le poisson-chat). Par conséquent considérées comme à risque ou envahissantes, leur évolution est à surveiller de près.
Comment faire pour bien pêcher ? En France, à l’exception de plans d’eau privés, il faut être détenteur d’une carte de pêche nominative pour pouvoir pêcher et de faire attention à respecter la réglementation de votre lieu de pêche (attention par exemple aux zones interdites, au calendrier d’ouverture de la pêche, aux techniques autorisées, etc.). La pêche sur le Parc naturel de Portet-sur-Garonne est par exemple possible uniquement en « no-kill » sur l’étang de la Générale (panneaux visibles sur site), les autres étangs et mares sont en réserve permanente. Pour tout renseignement sur la pêche sur le territoire de la RNR ou ailleurs en Haute-Garonne, n’hésitez pas à vous renseigner sur le site de la Fédération de pêche : https://www.fede-peche31.com/.
*Une espèce bio-indicatrice est une espèce dont la présence ou l’état renseigne sur les caractéristiques écologiques d’un écosystème ou sur les conséquences de modifications naturelles (température de l’eau, crues, sécheresse, etc.) ou provoquées (rejet d’eaux usées, pollution chimique, etc.). Son étude permet donc de mesurer indirectement l’état de bonne santé du milieu.
Carpe commune de 55cm à la mesure
Individu reproducteur de Brème
Sandre juvénile relâché après capture
Gambusie sur la règle de mesure