La vie des cours d’eau – les plantes aquatiques
Les deux cours d’eau traversant la Réserve naturelle régionale, la Garonne et l’Ariège, font régulièrement l’objet de suivis scientifiques par l’équipe gestionnaire et ses partenaires. Poissons, amphibiens, insectes aquatiques ou encore oiseaux sont par exemple inventoriés. À cela s’ajoutent des suivis physiques (érosion, taille des galets, température et paramètres de l’eau, etc.). Mais qu’en est-il des plantes aquatiques ? Peu d’investigations ont encore été conduites sur ces plantes qui vivent dans l’eau, directement dans les rivières. Un premier inventaire a été mené durant l’automne 2023 sur la Réserve naturelle.
Algues ou plantes aquatiques ?
Les plantes aquatiques, et non les algues (qui sont aussi présentes, notamment celles microscopiques qui donnent leur coloration verte à l’eau en saison estivale), ont des feuilles, des racines, des tiges, et fleurissent même pour plusieurs d’entre elles. De vraies plantes en somme, sauf qu’elles vivent dans l’eau !
Elles jouent un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes aquatiques ; abris pour diverses espèces de microorganismes, d’invertébrés et de poissons, elles sont également à la base de chaînes alimentaires et une source d’oxygène pour les milieux aquatiques. Sans oublier les modifications des paramètres physiques que leur configuration en herbiers* entraîne : régulation de la vitesse du courant, atténuation du réchauffement de l’eau, effet d’ombrage… Par ailleurs, la présence de certaines plantes peut traduire l’état de santé des milieux aquatiques ; elles sont notamment de bons marqueurs de la quantité de nutriments et de certaines caractéristiques morphologiques de la rivière.
Un pré-inventaire en kayak
Avec plus d’un tiers de son territoire représenté par les lits de la Garonne et de l’Ariège, la Réserve naturelle semble le lieu idéal pour abriter de nombreuses plantes aquatiques. Il ne restait plus qu’à lancer l’étude de ces plantes sur tout le territoire, soit plus de 150 ha à parcourir !
En 2023, un inventaire a donc été mené en kayak sur la vingtaine de kilomètres de linéaire de cours d’eau, complété par des observations ponctuelles sur les zones inaccessibles depuis l’eau. L’objectif pour cette première année de suivi était double :
- Inventorier les espèces de plantes aquatiques présentes sur la Réserve naturelle,
- Relever et cartographier la répartition des herbiers et essayer de comprendre ce qui influence leur implantation.
Environ 35 % de la surface des cours d’eau était recouverte d’herbiers cette année. L’inventaire a permis de recenser 19 espèces, avec une différence notable entre la Garonne (19 espèces) et l’Ariège (9 espèces). C’est en partie explicable par les zones de courant plus marquées sur l’Ariège, où l’eau est plus froide. La Garonne, en comparaison, comporte des zones calmes, plus chaudes, et avec un fond vaseux très riche en nutriments sur sa partie basse. C’est cette diversité d’habitats qui est à l’origine d’une biodiversité accrue. Notons par ailleurs la présence de 6 espèces exotiques envahissantes, notamment deux espèces d’élodées et la jussie. Leur évolution sera suivie dans les années à venir.
Ce pré-inventaire rapide permet de définir une répartition de référence des herbiers de plantes aquatiques et de déterminer la méthodologie afin de suivre leur évolution dans les années à venir.
*Herbier : les plantes aquatiques, en particulier celles immergées et enracinées, se développent souvent en patchs denses, dont la forme est modulée par les courants : on parle d’herbiers aquatiques. De surface variable (ils peuvent faire d’un mètre carré à plusieurs hectares), ils abritent souvent plusieurs espèces au même endroit, du fond jusqu’à la surface de l’eau, et offrent une multitude d’habitats. Un véritable écosystème !