Les Bras morts, lieux de vie
Connectés à la Garonne ou l’Ariège, les bras morts sont de véritables réservoirs de biodiversité, nécessaires à la vie des cours d’eau. Ils sont néanmoins menacés et l’équipe de la Réserve naturelle met en oeuvre plusieurs opérations pour maintenir vivants ces milieux si précieux.
Les bras morts : des milieux naturels remarquables mais menacés
La Garonne et l’Ariège, qui traversent la Réserve naturelle, ont vu leurs lits évoluer au cours du temps. Au grès des crues, érosions, dépôts sédimentaires… des méandres, des îles et des bras secondaires se font et se défont. Parfois, ces bras ne sont plus alimentés que par les eaux de crues ou de la nappe : on parle de bras morts.
Ces espaces aquatiques intermittents, véritables zones humides, représentent un réservoir de biodiversité majeur (Photo 1), refuges pour des plantes hygrophiles (aimant l’eau), des mammifères comme le Putois ou la Loutre, et de nombreux amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons) et insectes dépendants de ces milieux naturels. Mais c’est surtout un espace nécessaire pour certains poissons, dont le Brochet qui s’y reproduit. En effet, les adultes rentrent dans le bras mort à la faveur des crues, y déposent les œufs fécondés sur les plantes immergées (tout ou partie sous l’eau) ; le bras mort devient alors une pouponnière idéale pour les alevins, qui y séjournent quelques semaines en sécurité avant de rejoindre le cours d’eau principal.
Mais ces bras morts deviennent rares sur nos cours d’eau. L’incision du lit de l’Ariège et de la Garonne, la modification des régimes hydriques (notamment la baisse des niveaux d’eau) et le comblement par les sédiments et la végétation déconnectent les bras morts ou en altèrent le fonctionnement.
La Réserve naturelle met en place des actions pour maintenir en vie ses bras morts
Au sein de la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège, les bras morts sont suivis et étudiés depuis plusieurs années (Photo 2). La Réserve naturelle en abrite plusieurs d’importance, au potentiel certain pour la reproduction des amphibiens et des poissons. Dégradés en partie, des actions d’entretien et de reconnexion ont été mises en oeuvre, notamment avec des étudiants du lycée agricole de Masseube (32). Abaissement du seuil de connexion avec la rivière, retrait d’embâcles, limitation de l’expansion d’arbres exotiques envahissants … autant d’actions visant à leur redonner un fonctionnement optimal.
En 2024, des mesures du profil de la « bouche » des bras morts serviront de référence pour contrôler leur évolution au cours du temps (Photo 3).
Leur connexion avec la rivière ainsi que leur niveau de remplissage seront régulièrement mesurés par les équipes de la Réserve naturelle et par des kayakistes bénévoles (Photo 4). D’autres suivis complémentaires seront réalisés, notamment sur les amphibiens, la flore, et les poissons en partenariat avec la Fédération de pêche (FDAAPPMA 31).
Il s’agira ainsi de s’assurer que les bras morts resteront… vivants, à l’instar de l’ensemble des plantes et animaux dépendants de ces milieux méconnus et pourtant si précieux.