Les Bras morts, lieux de vie

Connectés à la Garonne ou l’Ariège, les bras morts sont de véritables réservoirs de biodiversité, nécessaires à la vie des cours d’eau. Ils sont néanmoins menacés et l’équipe de la Réserve naturelle met en oeuvre plusieurs opérations pour maintenir vivants ces milieux si précieux.  

Les bras morts : des milieux naturels remarquables mais menacés 

La Garonne et l’Ariège, qui traversent la Réserve naturelle, ont vu leurs lits évoluer au cours du temps. Au grès des crues, érosions, dépôts sédimentaires… des méandres, des îles et des bras secondaires se font et se défont. Parfois, ces bras ne sont plus alimentés que par les eaux de crues ou de la nappe : on parle de bras morts.  

Photo 1 : Bras mort de Garonne partiellement en eau. L’entrée/connexion avec la rivière se situe au fond de l’image. Photographie de début d’hiver, le bras mort sera colonisé par de nombreuses plantes à l’approche du printemps.
© A. Firmin | RNR Confluence Garonne-Ariège 

Ces espaces aquatiques intermittents, véritables zones humides, représentent un réservoir de biodiversité majeur (Photo 1), refuges pour des plantes hygrophiles (aimant l’eau), des mammifères comme le Putois ou la Loutre, et de nombreux amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons) et insectes dépendants de ces milieux naturels. Mais c’est surtout un espace nécessaire pour certains poissons, dont le Brochet qui s’y reproduit. En effet, les adultes rentrent dans le bras mort à la faveur des crues, y déposent les œufs fécondés sur les plantes immergées (tout ou partie sous l’eau) ; le bras mort devient alors une pouponnière idéale pour les alevins, qui y séjournent quelques semaines en sécurité avant de rejoindre le cours d’eau principal.  

Mais ces bras morts deviennent rares sur nos cours d’eau. L’incision du lit de l’Ariège et de la Garonne, la modification des régimes hydriques (notamment la baisse des niveaux d’eau) et le comblement par les sédiments et la végétation déconnectent les bras morts ou en altèrent le fonctionnement. 

La Réserve naturelle met en place des actions pour maintenir en vie ses bras morts 

Photo 2 : Notre agent en train d’observer l’état général d’un bras mort remarquable par sa taille, dans le cadre du suivi en cours. A noter le travail d’écorçage (à gauche du bras mort) effectué sur les érables negundo, arbres à développement rapide dans les bras morts et qui accélèrent leur comblement.
© A.Firmin | RNR Confluence Garonne-Ariège

Au sein de la Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège, les bras morts sont suivis et étudiés depuis plusieurs années (Photo 2). La Réserve naturelle en abrite plusieurs d’importance, au potentiel certain pour la reproduction des amphibiens et des poissons. Dégradés en partie, des actions d’entretien et de reconnexion ont été mises en oeuvre, notamment avec des étudiants du lycée agricole de Masseube (32). Abaissement du seuil de connexion avec la rivière, retrait d’embâcles, limitation de l’expansion d’arbres exotiques envahissants … autant d’actions visant à leur redonner un fonctionnement optimal.  

En 2024, des mesures du profil de la « bouche » des bras morts serviront de référence pour contrôler leur évolution au cours du temps (Photo 3).  

Leur connexion avec la rivière ainsi que leur niveau de remplissage seront régulièrement mesurés  par les équipes de la Réserve naturelle et par des kayakistes bénévoles (Photo 4). D’autres suivis complémentaires seront réalisés, notamment sur les amphibiens, la flore, et les poissons en partenariat avec la Fédération de pêche (FDAAPPMA 31).  

Il s’agira ainsi de s’assurer que les bras morts resteront… vivants, à l’instar de l’ensemble des plantes et animaux dépendants de ces milieux méconnus et pourtant si précieux.

Photo 3 : Mesure du profil topographique de la zone de connexion du bras mort avec la rivière par des étudiants de Masseube (32). Ici, la « bouche » se situe à l’aval, et peut être sujette à un dépôt de sédiment formant à terme un bouchon. Ces étudiants relèvent les côtes afin d’estimer le travail de décaissement nécessaire pour améliorer la connexion du bras mort. © A. Firmin | RNR Confluence Garonne-Ariège
Photo 4 : Echelle de mesure de la hauteur d’eau au niveau de la connexion rivière-bras mort. Tout un réseau d’échelles permet de suivre le remplissage et la connexion des bras morts au cours du temps et sur une grande partie en aval du territoire de la Réserve naturelle.
© A. Firmin | RNR Confluence Garonne-Ariège