Belles de mai – suivis botaniques
Avec le retour des beaux jours, les fleurs parent de mille couleurs les pelouses et prairies du territoire de la Confluence. Parmi ces belles, bien que moins tape-à-l’œil que leurs consoeurs, deux raretés s’épanouissent au sein de la Réserve naturelle et sont suivies chaque année par l’équipe gestionnaire de la Réserve naturelle.
La plus précoce est l’Eufragie à larges feuilles (Parentucellia latifolia). Elle déploie ses minuscules fleurs pourpres dès le début du mois d’avril. Frêle et discrète, la détecter parmi les hautes herbes peut parfois relever du défi. Certains individus dépassent rarement la vingtaine de centimètres. Se nourrissant principalement par photosynthèse, l’Eufragie est aussi hémiparasite. Elle s’assure en effet un complément de ressources en parasitant les racines des plantes autour d’elle. Rare en Midi-Pyrénées, l’espèce apprécie les sols sablonneux, créés par les dépôts d’alluvions des cours d’eau en crue.
Alors que la floraison de l’Eufragie s’achève, une autre espèce prend le relais. Ainsi, l’Orchis parfumé (Anacamptis fragrans) orne d’un rose délicat la prairie. Particularité de la famille des Orchidées dont elle fait partie, sa graine germe uniquement en formant une symbiose avec un champignon. Cette relation trophique lui permet de pallier l’absence de réserve d’énergie de sa graine, et lui garantit une meilleure exploration du sol.
Son nom latin vient de son parfum réputé agréable, parfois décrit comme se rapprochant de celui de la vanille. Son parfum est d’ailleurs un des critères permettant de la distinguer de sa quasi-jumelle, l’Orchis punaise (Anacamptis coryophora), qui émet une odeur fétide. La distinction pourrait presque se faire les yeux fermés ! Bien représentée sur les coteaux secs du département, l’Orchis parfumé se raréfie aux alentours de Toulouse. La station de la Réserve serait une station relictuelle d’une population anciennement plus répandue.
Les deux belles sont particulièrement sensibles au piétinement, à la cueillette ainsi qu’à la tonte précoce, qui les empêchent d’accomplir leur cycle de vie. Elles sont d’ailleurs toutes deux protégées : l’Orchis parfumé au niveau national et l’Eufragie au niveau régional. Toute destruction, colportage ou mise en vente de ces plantes est donc interdit. Les menaces citées précédemment, couplées à ces statuts de protection, en font des enjeux de conservation prioritaires sur la Réserve naturelle.
Protégées certes, mais toujours observables ! Les deux espèces s’offrent au regard des visiteurs les plus attentifs. Il n’est nul besoin de sortir des sentiers balisés, et ainsi risquer d’abîmer la végétation ou d’effrayer la faune. Il suffira d’ouvrir l’œil lors de leur prochaine période de floraison, au printemps 2023.