La Réserve naturelle lance un inventaire des pollinisateurs sauvages

Le territoire de la RNR Confluence Garonne-Ariège est une véritable mosaïque de paysages, comprenant des prairies ou boisements alluviaux plus ou moins humides, mais aussi des coteaux secs à la végétation rase à tendance parfois méditerranéenne. Sur un territoire si restreint, une telle diversité de milieux naturels peut abriter une diversité potentiellement très importante de pollinisateurs sauvages. Ce groupe d’insectes est pourtant encore méconnu, souvent réduit aux seuls abeilles domestiques Apis melifera ou bourdons bien connus du grand public. Leur importance est pourtant capitale pour nombre de plantes, dont certaines cultivées pour notre alimentation, et dont la pollinisation et la reproduction en sont dépendantes (on parle d’entomogamie), alors que de nombreuses études pointent dans le même temps un déclin généralisé des populations d’insectes ces dernières décennies.

Un inventaire aux multiples objectifs

L’équipe gestionnaire de la Réserve naturelle, accompagnée d’un entomologiste spécialisé, a donc lancé un premier inventaire en 2024 qui aura de multiples objectifs :
Mieux connaître la population de pollinisateurs et la diversité d’espèces présentes sur le territoire. Certaines espèces sensibles ou rares peuvent en effet trouver sur la Réserve naturelle un refuge propice et préservé.
Réaliser un état des lieux de référence, et s’en servir de base pour mesurer l’évolution dans les années à venir, en réponse aux différentes pressions qui menacent ces insectes (perte d’habitat, disparition de leurs fleurs préférentielles, pollutions et produits phytosanitaires, ou encore le changement climatique).
Sensibiliser le public et visiteurs sur les pollinisateurs, leur rôle et leur diversité parfois insoupçonnée présente à deux pas de chez eux ! L’équipe pourra leur faire ainsi découvrir les Andrènes, Xylocopes ou autres Colletes !

Légende : Les abeilles sauvages sont d’excellentes pollinisatrices, à en juger les stocks de grains de pollen agglutinés sur les pattes arrières. Elles sont souvent solitaires avec un nid dans le sol, en forme de galerie tubulaire (ici l’entrée a vraisemblablement été bouchée, l’individu la recherche).

Comment inventorier les pollinisateurs sauvages ?

Deux méthodes sont déployées pour inventorier les pollinisateurs. Un premier est effectué à vue, au filet à papillons, pour capturer les insectes volants. Ils sont déterminés et comptés immédiatement avant d’être relâchés. Il est complété par un relevé passif avec des pièges en gobelets de couleur (blanc, bleu ou jaune) dans lesquels les insectes se posent par curiosité, et s’y retrouvent piégés. Après quelques heures (période courte pour limiter les captures), les insectes sont récupérés et déterminés à la loupe binoculaire en laboratoire. La combinaison de ces techniques permet de rencontrer un maximum d’espèces. Et comme chaque espèce a une période de vol et d’activité de prédilection, un passage est réalisé tous les mois à partir d’avril, pour couvrir l’ensemble des saisons printanière et estivale.

L’étude se déroule en simultané d’un Plan national en faveur des pollinisateurs qui court de 2021 à 2026 et permettra de l’alimenter. Les résultats de l’inventaire sont attendus en fin d’année.

Légende : Les pièges-gobelets au moment de la récolte. Chaque espèce a une préférence pour une couleur, le trio installé permet ainsi de couvrir un maximum d’espèces. On y retrouve des hyménoptères (abeilles), des diptères (mouches) ou encore des coléoptères en mélange. Gros travail d’analyse à venir !